Nouvelle Audience des Gardiens de l'Ordre Noir

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Il avait dû trouver cela fort amusant. En plein milieu d'un couloir luxueusement orné de grands panneaux sculptés et de rideaux indigo devant deux immenses portes polies en phrik que se trouvaient les deux ambassadeurs. D'environ quatre mètres de haut, ses portes n'avaient pas de poignée ni aucun autre moyen de signaler sa présence. Outre le fait qu'il les avait convoqué au même moment, aucun son ne semblait provenir de l'intérieur de la pièce.

"- Il vous attend à l’intérieur", annonça le Majordome en désignant de la main les panneaux. "Manifestez-vous, il vous ouvrira."

Voilà ce qu'avait dit le Majordome qui -une seconde plus tard- avait déjà quitté les lieux sans doute profitant d'un regard de ses deux hôtes en direction de la porte. La situation pouvait faire éprouver un malaise palpable alors que le couloir semblait de part et d'autre désert.

Le Comte Malevis regarda le Majordome tandis que ce dernier s'adressait à lui et au Baron Morro puis il contempla le luxe de ce couloir et avec quel bon goût il avait été aménagé. Quand il tourna de nouveau la tête le domestique n'était plus là, il n'y avait pas eu de bruit ou le moindre mouvement d'air, Saül pensa d'abord à une illusion puis dans l'instant qui suivit à une porte dérobée et discrète. Il se méfierait de de valet qui était surement bien plus qu'il ne laissait paraître... Comme le Comte lui même ou comme chaque chose chez les Sith.

Il se tourna vers le Baron Morro et lui dit à voix basse :

"- Tâchons d'être à la hauteur, le Conclave verrait cet échec d'un mauvais oeil."

Puis il se concentra un instant et laissa s'échapper de son esprit une vague dans la Force pour signaler que lui et son vassal était prêts pour l'entrevue.

Le premier coup n'avait rien donné. Les murs devaient être épais pour protéger le maître de cette alliance... Le Comte n'avait aucune envie de "sonner" comme un vulgaire profane, c'eût été déshonorant. Il inspira profondément et se focalisa sur le pouvoir de la Force. Le Côté Obscur s'insinua en lui comme un acide qui rongeait son corps mais qui lui donnait aussi le pouvoir d'accomplir des miracles. L'onde de choc qu'il libéra se fit entendre comme un craquement de tonnerre et le sol lui même vibra. Saul se tourna vers Morro :

"- Mon cher ami auriez vous l'obligeance, si aucune réponse ne se faisait, d'aller frapper à la porte si cela ne vous cause aucun inconvénient bien entendu."

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Ce n'est qu'après plusieurs minutes que les portes glissèrent silencieusement sur elles-mêmes. Dès les premiers pas dans l'immense bureau deux sentiments étaient prenants et palpables, le premier était la sacralité des lieux en raison de ses dimensions et de son agencement, le second découlait logiquement du premier, la désagréable sensation de ne pas être à sa place, de déranger la plénitude des lieux tout comme celle de son maître.

Le bureau, tout comme les tableaux aux murs, était un ensemble de sculptures en bois noir similaires à celles du couloir. Les vingt mètres qui séparaient l'entrée des sièges des invités semblaient s'étirer plus longuement que nécessaire. Les hautes fenêtres en ogive situées derrière le bureau, laissaient la pluie battre tambour contre elles et la lumière des éclairs de Dromund Kaas pénétrer avec majesté et violence.

- Il eut été plus poli de frapper à la porte, voyez-vous, que de tenter de rivaliser avec les cieux déchirés de notre belle capitale. Mais entrez, donc...

Le Patriarche se tenait debout derrière son bureau, le port altier, les mains croisées dans le dos. Il désigna les fauteuils avec un sourire déjà amusé, ses yeux semblaient mis clos. Durant les vingt mètres à parcourir il aurait tout le loisir d'étudier ces deux nouveaux énergumènes.

Le Comte pénétra dans le bureau d'un pas vif et énergique, son regard allait et venait sur le mobilier, il s'inclina avec respect devant le Patriarche et parla d'une voix grave et puissante :

"- Ô noble Patriarche ! Merci de nous recevoir pour ces négociations. Je suis le Comte Saül Malevis de Serenno et voici le Baron Morro Ier, nous sommes les nouveaux ambassadeurs de l'Ordre Noir auprès de votre honorable maisonnée. Nous sommes venus sur ordre du Conclave tout d'abord pour présenter les excuses les plus plates et les plus honnêtes à votre seigneurie pour les offenses qui ont pu être dites ou suggérées et également pour établir des liens indéfectibles entre nos deux camarillas."

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Le Patriarche leva un sourcil à l'évocation du mot Camarilla et prit son temps pour détailler l'allure de l'Ambassadeur. Il invita son invité à prendre place en face de lui dans l'un des fauteuils avant de rabattre les coudes sur les bords du sien et de joindre les mains devant son menton. Bien que les yeux mi-clos, il demeurait très attentif à la situation.

- Comment se porte l'ex-ambassadeur Tarixus ? Il avait, je le crains, l'esprit quelque peu obtus et refusait de comprendre que notre appréciation de la situation était différente. J'imagine que si vous lui succéder c'est en grande partie parce vous différez sur ces deux points ? Il me semble clair que de parler de guerre dans ce bureau serait une insulte à votre intelligence.

Le Baron émit un petit sourire et fit un pas avant de répondre.

-Le seigneur Tarixus se porte bien. Il est vrai que les relations qu'il a installées entre nos deux organisations ne sont pas les meilleures que l'on puisse souhaiter. Mais je suis persuadé qu'à nous trois nous pourrons conclure une alliance solide et durable.

Il lança un petit regard discret au compte Malevis et ajouta :

-N'êtes-vous pas d'accord?

Le Comte était vêtu d'une armure composite qui se mêlait à une bure de couleur rouge sombre. Une cape noire tombait dans son dos et un sabre laser au manche courbe pendait à la ceinture, c'était une arme ornementée de runes qui reprenait la devise des Assassins d'Umbria : "Rien n'est vrai tout est permis". Son visage était mangé par les cicatrices des batailles et une barbe que l'on aurait dit bleue tant la pilosité de cet homme était noire. Un magnifique diadème d'argent et de saphirs mettait ses yeux bleus en valeur et pendait à son épaule un coffret de duracier assez grand pour y mettre un grimoire.

Il hocha de la tête aux paroles du Baron puis il s'adressa au Patriarche Ballantine :

- Mon seigneur je suis ici pour mettre en exergue ce que vous gagneriez à une alliance. J'ai été informé que vous préfériez la paix et nous ne contestons aucunement ce choix. Permettez moi cependant de souligner que sous bien des aspects ces deux concepts ne sont pas antagonistes mais bel et bien complémentaires, j'explicite : le conflit trouve son énergie dans la trêve et la réciproque est valable. Oui, nous sommes des gens belliqueux là d'où nous venons et vous êtes des hommes de dialogue et emplis de sagesse. Une alliance entre nos deux Camarillas apporterait un poids à chacun. Un poids militaire à votre Maison et un peu de retenue à notre organisation.

Le Comte sortit un holo-projecteur de poche d'une bourse. Quand il l'alluma il se forma une carte politique de la galaxie :

- Vous voyez ici les terres Républicaines et là les domaines Impériaux, les Hutts sont ici, observez également le tracé des routes commerciales avec attention. Toutes sont proches des potentielles zones de conflit si jamais un affrontement entre les Jedi et les Sith devait commencer et les hommes de paix sont bien souvent marchands donc une aide militaire de notre part pourrait vous renforcer et ce même à l'intérieur de nos frontières.

Il pointa le doigt sur une planète qui clignotait périodiquement :

- Voici l'un des mondes où la secte terroriste répondant au nom de La Lumière Aveugle a été signalée. Ces Jedi fanatiques nous tueraient tous s'ils le pouvaient et l'Inquisition traque leurs agents infiltrés dans nos lignes depuis des mois maintenant. je puis vous donner ma parole sur l'honneur de mon sang que si un jour la violence doit éclater de nouveau ce sera à cause de fous comme eux. Ils sont un danger prononcé pour nous et pour les autres. L'Empire aura les mains propres à ce moment là et nous agirons sous la légitime défense.

Le Comte plongea son regard dans celui du Patriarche :

- Ô noble Patriarche voila pourquoi une alliance est de mise entre chaque organisation Sith : les fanatiques de tout bord. Ces Jedi sont fous et nous, les Gardiens de l'Ordre Noir, nous sommes là pour être prêts pour leur assaut. Si les troupes de l'Empire ne sont pas unies sous une seule bannière nous sommes condamnés à mort. L'Empereur lui même est condamné à mort. Tous les soutiens sont bons et même si de prime abord nous sommes si semblables à ces malades mentaux, ne vous y trompez pas, notre seul but est d'assurer l'hégémonie de notre Empereur et nous ne ferons pas partie de ceux qui mettront le feu aux poudres les premiers. Croyez moi bien que je préfèrerais pouvoir me contenter de ma vie d'homme d'affaires mais mon devoir en tant qu'Inquisiteur est de m'assurer que l'Empire tiendra quelle que puisse être la marée. Je ne peux y arriver seul, les Gardiens ne peuvent y arriver seuls, nous avons besoin les uns des autres pour survivre noble Patriarche. La Maison Ballantine et les Gardiens de l'Ordre Noir doivent s'allier pour augmenter les chances de victoire lorsque le moment viendra.

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Darius écoutait presque passivement le discours de l'Ambassadeur avant de sourire légèrement et ce de plus en plus au fur et à mesure de la conversation. L'index et le majeur contre la joue, le pouce soutenant le menton, il laissa Saül plonger dans son regard pour n'y voir qu'un profond amusement. Se fallait-il qu'il s'agisse toujours de ça ? Tant maladresse le laissait hilare intérieurement. Il s'éclaircit la gorge doucement.

- Permettez-moi d’en arriver à une conclusion qui n’est pas la vôtre, accordiez-vous cette grâce à un vieil homme... ? J'ai bien peur que vous vous fourvoyez. Nous ne sommes ni homme de paix, ni marchand. Quant à cette "secte terroriste" si dangereuse, un regroupement de... quelle est la formule déjà ? Ah oui... malades mentaux...

Le Patriarche laissa échapper une expiration amusée en guise de conclusion.

- Votre honneur m'importe peu, j'en ai autant dans mon petit doigt. Ce que je vois en regardant au-delà de mon bureau, c'est des personnes qui ont peur et qui remettent en doute la puissance du Sith'ari au point d'annoncer sa mort prochaine. Votre faculté à percevoir et discerner la vraie nature et importance de vos ennemis est grandement insuffisante, je le crains. Et bien entendu votre petit... exposé, jette le discrédit sur votre analyse. Cette Maison n'est pas une Camarilla... et n'en sera jamais une.

Votre... initiative n'est rien d'autres qu'une illusion que vous caressez avidement. Vous parlez d'Unité alors que la fondation d'ordres comme le vôtre et autres groupuscules n'a fait que fragmenter l'autorité du Conseil qui n'est rien d'autre que l'expression de l'Empereur. Cela me parait douloureusement ironique... Ambassadeur...

Le Baron se renfrogna en entendant les paroles du Patriarche.

-Patriarche. Je vous en pris épargnez nous vos leçons de morales quant à la création de notre ordre. Vous savez très bien, tous comme nous, que le Conseil Noir convoite la place du Dieu-Empereur et n'hésitera pas à Le trahir à la première occasion. Et je ne peux croire que quelqu'un possédant une intelligence comme la vôtre n'ai pas réussis à voir clair dans le jeu du Conseil. A moins que vous ne soyez plus fidèle au Conseil plutôt qu'au Dieu-Empereur?

Trahison... ils en reviennent toujours là aussi... Trahison... Darius expira profondément avant de joindre ses deux mains devant son menton, considérant Morro avec une grande patience en le toisant du regard avec condescendance.

- Mon intelligence ? Cessez de titiller ma vanité intellectuelle. Votre capacité à déduire et analyser les choses est toujours médiocre, je le crains. J'ignore comment le Conseil pourrait trahir un dieu qu'il sert depuis plus de mille ans et surtout comment vu la puissance de l'entité qu'il sert. Vous désiriez faire mieux que votre prédécesseur... j'ai la regrettable nouvelle que vous avez fait pire. Lui au moins, malgré son aspect rude avait su quelque peu préserver certaines apparences qu'il convient de garder en société.

Darius soupira, en un instant ce petit alien venait de tout gâcher. Le Patriarche se leva tout en gardant son calme.

- Vous parlez de Trahison et nous savons qui en seraient les auteurs, des gens bien plus sages et bien plus puissants que vous. Alors je vous répéterai simplement mot pour mot ce que j'ai dit à votre prédécesseur. La Trahison est une histoire palpitante dont je n'aimerai pas connaître la Chute trop rapidement. Saül... Morro... Bien le bonsoir et mes amitiés à Xeneus.

D'un geste de la main il désigna les portes de son bureau qui glissaient sur elles-mêmes appelant l'entretien à sa fin.

Le Comte se leva et s'inclina devant le patriarche :

- Mon Seigneur je pense en effet qu'il y a eu un malentendu du fait de la foi exacerbée du Baron en notre leader, foi que vous semblez partager, nos discours sont passionnés car c'est notre credo en tant que Sith tout comme nous, les Gardiens de l'Ordre Noir, sommes les héritiers de Naga Sadow alors que vous semblez clairement préférer les enseignements de Kressh. Nos idéologies respectives sont différentes et elles gênent notre dialogue. néanmoins il serait hors de question de mettre nos passions de côté, en tout cas pour nous, les Gardiens de l'Ordre Noir sont belliqueux et pensent qu'un seul chef qui cumule à lui seul tous les pouvoirs est nécessaire : tel est pour nous un véritable Seigneur Noir des Sith. Nous ne contestons point la légitimité de l'Empereur ni sa puissance mais la politique du Conseil n'est pas la notre. Nous ne ferons pas la guerre les premiers : elle viendra d'elle même vous pouvez me croire et d'ailleurs nous allons la perdre et c'est ce qui la rend d'autant plus souhaitable.

Il se redressa et fit un signe de tête à Morro :

- Venez Baron notre présence n'est plus souhaitée, retirons nous. Noble Patriarche vos salutations seront transmises à notre Conclave et je vous présente mes excuses pour la perte de temps que nous vous avons causé.

Une fois ces paroles prononcées le Comte s'en alla d'un pas rapide, Morro sur ses talons.