Vous êtes viré.

.

La sensation des gouttes qui s’écrasaient sur son visage fut la première chose qui le ramena à lui. Vinrent par la suite, la sensation visqueuse de la boue et le froid humide qui l’envahissaient par ses vêtements totalement détrempés tandis qu’il roulait sur le dos dans un grognement.
Sa tête lui faisait mal et le sol tanguait sous lui bien qu’il soit toujours allongé. Le feuillage des arbres lui apparaissait quelques mètres plus hauts par le ballet d’éclairs constants qui illuminait un ciel envahi d’une couche dense de nuages noirs. Comment était-il arrivé ici ? Que faisait-il ici ? Son esprit était perdu, il ne se souvenait de rien. Ses souvenirs se heurtaient à un mur de ténèbres qui semblait impénétrable.

L’angoisse l’envahi. Sa respiration se fit haletante, saccadée. Les gouttes de pluie devinrent des centaines de petites bombes humides détruisant toute chaleur en son corps. Que faisait-il ici ? Qu’avait-il donc fait pour se retrouver dans cette forêt sous ce ciel de cauchemar ? Son esprit perdu ne put résister plus et il se sentit céder à la peur tandis qu’il se mettait à trembler de tous ses membres. Les branches des arbres se penchaient vers lui. Leurs doigts crochus et noueux voulant l’étriper, lui arracher le ventre et broyer ses os. Il le sentait !

Un éclair électrique lui traversa le corps tandis qu’il se relevait aussi vite qu’il le put. Tournant la tête en tout sens, il ne vit que ses arbres aux branches alourdies par l’eau, leur feuillage touchant pratiquement le sol. Ce dernier était boueux, constellait de longues touffes d’herbes avachies qui tentaient dans un aspect lugubre de recouvrir ce sol immonde.

Écoutant son instinct, Jordra s’élança vers l’arbre le plus proche espérant s’y adosser pour se cacher un minimum. Peur et précipitation furent de mauvaises conseillères sur ce sol tanguant qui ne l’avait pas quitté, simplement oublié par ses angoisses. L’homme s’aperçu mais trop tard que le sol était des plus glissant tandis que son pied partait vers l’avant dans un mouvement incontrôlable. Ses membres ne répondaient pas comme il le souhaitait et il fut incapable d’amortir sa chute sur le dos avec ses mains, soulevant des giclées glaciales de boue tandis que le choc de la chute lui vriller de douleur la colonne vertébrale et lui chassait l’air de ses poumons, lui offrant une brève sensation d’étouffement. Mais la peur ne le quitta pas…

Oubliant comme il le put ses douleurs, il se releva son regard affolé regardant tout autour de lui.
Un léger éclat métallique attira son attention non loin à la faveur d’un éclair plus puissant que les autres. Cette vision le figea sur place. Craintivement, redoutant autant que désirant savoir ce qui provoquait cet éclat, il s’approcha.
Une petite chaîne en acier avait été accrochée à la branche basse d’un arbre. Un symbole façonné dans le même acier que la chaîne tournicotait doucement sur lui-même, accrochant parfois la lueur des éclairs pour la refléter au alentour. Ce symbole fut le déclic qu’il manquait à l’esprit de Jordra pour se souvenir de ce qu’il avait oublié, le symbole de la République.

Ses souvenirs affleurent comme si une digue dans sa tête venait de rompre sous l’assaut rugissant de flots furieux. Ses jambes fléchirent, le mettant à genoux. Une douleur vrilla sa tête, impuissant à contenir cette agression, ne pouvant que poser ses mains sur ses tempes et ouvrir la bouche dans un cri de douleur silencieux.
Des paysages de Coruscante envahirent son esprit. La voix puissante voix grave de son supérieur résonnant dans son esprit expliquant les buts de sa prochaine mission. Les rires de ses camarades de régiment à la cantina locale durant des permissions. La chaleur de l’étreinte fougueuse de cette fille durant son dernier soir sur la planète.

Il devait s’infiltrer en tant que serviteur dans l’entourage d’une famille sith sur Dromund Kaas : Les Ballantines.
Il avait joué son rôle pendant un an, ne faisant rien qui puisse trahir sa couverture ou ses origines. Jordra s’était cantonné à son poste de serviteur. Se faire oublier par la routine de l’existence, avant d’œuvrer pour envoyer son premier rapport.
Il avait foiré…
Il ne savait pas où exactement. Mais il avait foiré…

Son plan était au point pourtant, il devait sortir en ville le lendemain pour des courses. Profitant de l’occasion, pour faire parvenir son rapport à son contact. Depuis le temps plus grand monde ne faisait vraiment attention à lui. Il lui était même arrivé parfois de faire exprès d’arriver avec du retard pour voir ce qui pouvait se produire.

Mais la veille au soir, trois gardes firent irruption dans sa chambre accompagnés du Majordome. Le temps sembla se figer dans la petite pièce, avant que les gardes se jettent sur lui d’un signe de tête du Majordome.
Il avait bien tenté de saisir son couteau caché sous son lit. Avant d’être arrêté par un garde qui l’immobilisa d’une habile clé au bras, pendant que ces confrères le mettaient en joug. D’un autre signe de tête infime, le Majordome signala au garde à sa droite d’agir. Baissant son arme, ce dernier pris quelque chose à sa ceinture qu’il ne put distinguer tout en s’approchant de lui. Lui plaquant la main sur la bouche et l’autre sur le nez, le garde le força à avaler la chose. Ses interrogations sur ce qu’il venait d’ingérer, eurent leurs réponses quand le sol se mit à rouler sous lui et qu’une auréole de ténèbres apparut à l’extrémité de son champ de vision pour l’envahir complètement.

Sortant de ses souvenirs, Jordra fixa de nouveau le pendentif qui tournait devant ses yeux avant de tendre une main pour faire reposer le symbole dans la paume de sa main. Plusieurs froissement d’herbes et de feuilles accompagnés par celui d’une branche qui se brise, le fit se retourner vivement en saisissant adroitement le pendentif dans le même mouvement.

Fixant les ombres d’où venait le bruit, l’espion vit l’une d’elle se détachait doucement des autres accompagnée par deux pénombres plus petites. Un halo blanc morcelé par la frondaison inonda l’endroit, le forçant à se mettre une main au-dessus de ses yeux pour se protéger de ce brutal changement d’éclairage. Le droïde d’éclairage opéra un déplacement en arc de cercle pour venir illuminer les trois silhouettes...

La taupe dans un frisson d’horreur, fixa - comme hypnotisé par le bruit et le scintillement des gouttes s’écrasant sur la silhouette - cet homme qui venait d’apparaître devant lui. Habillé d’un long manteau à capuche imperméable, un blaster de chasse à la main avec deux chiens salky pour l’escorter.

- Monsieur Klayne ? Est-ce vous ? Demanda l’homme en haussant la voix.
- Vous attendiez quelqu’un d’autre mon cher Jordra ? Ce n’est pas vraiment un lieu correct pour un rendez-vous. Rétorqua l’homme encapuchonné dont le timbre de voix trahissait une certaine forme d’humour ironique.
- Monsieur ! Que se passe-t-il ? Je n’ai rien fait de mal. Mentit Jordra. Tentant de faire passer son incompréhension sur le pourquoi de sa non-mort - et de se retrouver dans cet forêt plutôt qu'en cellule - pour une interrogation général et de bonne foi.
- Cessons ce petit jeu, mon cher ami. Le ton se fit plus sec. Vous comme moi, savons que vous retrouvez ici n’a rien du hasard. Tout comme savez pertinemment pourquoi les gardes se sont emparés de vous d’une telle façon.

Jordra se tut comprenant que le temps des masques venaient de s’achever. N’ayant plus rien à cacher, il se redressa légèrement, adoptant une posture plus souple. Prête au combat, malgré le sourd reflux nauséeux des drogues qu’il pouvait encore ressentir.
Calant son arme dans le creux du bras. La silhouette encapuchonnée leva légèrement les mains paume vers le ciel.

- Je vous propose un petit jeu…Une chance de survivre. Lâcha t-il dans un souffle enjoué. Je me suis déjà emparé de votre charmante amie. Nous avons échangé beaucoup de propos. Être en sa compagnie me fut des plus plaisantes, le rouge carmin est une si belle couleur vous savez…Quant à ce que vous pouviez savoir, les mesures ont été prises pour que tout ce que vous pourriez transmettre deviennent obsolète. Vous voyez ?! Vous ne valez plus rien à leurs yeux. Alors autant saisir votre chance. Survivez-moi ! Débarrassez-vous de moi et de mes chiens ! Et vous pourrez partir d’ici en toute sécurité. Vous vous doutez, qu’un face à face directe n’aurait aucunes chances d’aboutir. Le jeu comporte quelques règles évidemment. Nous ne sommes pas des sauvages.
Je vais vous laisser une minute et demi d’avance, avant que les chiens s’élancent à votre poursuite. Je les suivrai à mon rythme. Vous avez l’entière liberté de mouvement dans le périmètre défini au sein de cette forêt. Les droïdes survoleront la scène et descendront seulement si vous faites mine de sortir de l’enceinte du terrain de jeu. Si vous persistez, ils vous abattront. Et faite moi confiance, ils ne ratent jamais leur cible plus d’une fois.
Vous comprenez ? Bien dans ce cas. Commençons !

Le halo lumineux qui éclairait l’homme en noir et ses molosses s’éteignit.

Jordra n’attendit pas. Il se doutait de ce qui pouvait l’attendre, et le discours de Klayne avait confirmé ses soupçons. Tout cela n’était qu’une parodie de chasse à l’homme. Klayne le Majordome des Ballantines, ne souhaitait satisfaire qu’un sentiment de toute puissance et le faire ressentir à sa victime. Lui en l’occurrence. Mais le discours de l’homme de maison montrait aussi autre chose. Qu’il n’en était pas à la première fois dans ce petit jeu, et Jordra comptait bien en profiter pour s’en tirer.
Courant à vive allure mais sans pour autant s’éreinter. Il ne devait chercher, pour commencer ; qu’à mettre une bonne distance entre lui et les molosses afin de se préparer à leur arrivé.
La pluie, les buissons et les branches d’arbres basses lui giflaient le visage tandis que ses pas de course souple levaient néanmoins des gerbes d’eau et de boue à chacun de leur impact avec le sol. Il comptait mentalement les secondes. Arrivé à quarante cinq, il entendit le bourdonnement d’un droïde qui s’approchait par le ciel.

- Vous avez atteint les limites du périmètre autorisé. Arrêtez-vous ici. Si vous continuez, nous ferons feu dans cinq secondes. Nous vous conseillons de faire demi-tour. Annonça la voix synthétique.

Une étincelle illumina l’esprit de Jordra. Sa chance était ici ! Il devait lui rester une petite minute avant que les salky ne parviennent ici. Au vu du comportement du Majordome, ce dernier ne suivrait ses bêtes qu’au pas. Profitant des éclairs qui déchiraient toujours le ciel, il scruta avec attention les alentours attendant le prochain éclair.
Lorsque celui-ci illumina les lieux. Jordra sourit pleinement. Il avait des chances de s’en sortir.

Assis sur ses talons, il laissait le grésillement de la pluie calmer son esprit tout en soufflant lentement par le nez. Sa tentative était risquée, mais s’il la réussissait. Il aurait vraiment des chances de réussir à survivre à ce soi-disant jeu. Ce cul-pincé de serviteur se croyant aussi noble que ses salopards de maîtres allait être surpris. Il lui montrerait ce dont un soldat de la bataille d’Aldérande était capable !


L’attente lui sembla interminable quand enfin il entendit par-dessus le grésillement de la pluie les grognements, le halètement et le pas sourds des monstres lâchés à sa poursuite. Il pesta intérieurement en voyant qu’il n’arrivait pas à contenir les secousses nerveuses qui parcouraient tout son corps tandis que sa main, tremblotante, s’emparait de la branche qui reposait à côté de lui. Sa main se crispa sur le grand morceau de bois, tandis que de nombreuses pensées virevoltaient dans son esprit, devenant tour à tour prières, prévisualisation de son plan, visions de sa mort, criait pitié à s’en casser la voix et bien d’autres scénarios possibles. Mais son âme lui hurlait qu’il avait fait le bon choix, et seul cela lui permettait d’affronter la peur qui l’envahissait. Il était franc avec lui-même. Il fera face et s’en sortirai vivant.
Un premier grognement se fit plus proche, une imposante ombre bougea devant lui et maintenant que ses yeux s’étaient habitués à cette obscurité, il put voir clairement le premier chien lui fonçait dessus ; le deuxième se trouvant hors de vision. Il en déduit rapidement qu’il avait été distancé par son compagnon.

Le chien n’était plus qu’à trois mètres quand Jordra posa vivement un genou à terre et planta son pieu de fortune en biais dans le sol. Trop prit par son élan furieux, la monstruosité qu’était le chien Salky avait déjà bondi en avant dans la volonté bestiale de plaquer sa proie au sol pour en finir. Il lui fut ainsi impossible d’échapper à la branche qui s’enfonça profondément dans ses chairs tandis qu’il poussait un puissant glapissement de douleur.
Jordra ne put tout à fait contenir la force du choc lorsque le chien s’enfonça de toute sa masse sur la branche, l’obligeant à basculer en arrière. Seul ses réflexes automatiques de combattants lui permirent d'éviter de finir écrasé sous la bête en faisant basculer le pieu sur le côté dans sa chute.
N’attendant pas de savoir le résultat exact de son plan, il roula sur le côté en s’éloignant de la bête avant de se relever promptement. Le chien continuait à grogner de douleur et de fureur en se débattant sur le flan. Fidèle à leur réputation, cela n’avait pas suffi pour abattre un de ses monstres issus de la folie des généticiens. Mais il l’avait envisagé !


Soutenu par cette faible mais incontestable victoire, un regain d’énergie lui parcouru le ventre tandis qu’il voyait surgir à six mètres de lui le chien suivant. Se retournant vivement, il se mit à sprinter vers le trou qu’il avait remarqué sous un arbre lors de l’éclair précédent. Un sourire narquois illumina son visage lorsqu’il entendit la voix métallique du droide lui intimer l’ordre de s’arrêter avant de faire feu. D’une dernière impulsion, Jordra se jeta sur le sol pieds en avant, glissant sur la boue tout en priant n’importe quoi dans l’univers de faire qu’il ne se rate pas. Le claquement sec et la gerbe de terre qui se soulevait derrière lui alors que son front se cognait contre le bas du tronc lui firent savoir qu’il avait réussi à se glisser sous l’arbre. Il ne fut jamais aussi content de se prendre un tel mal de crâne de toute sa vie !
Allongeait sur le dos dans cette cache de fortune, il n’eut qu’à lever les yeux pour voir le droide descendre de la frondaison des arbres et venir se placer devant le trou pour toucher sa proie. Et comme il l’avait espéré, le droide fut écrasé contre l’arbre par le chien salky qui commencé à se défouler sur le droide. Arrachant les morceaux sur quoi sa gueule pouvait se refermer, et griffant dans la même logique ce qui passait à portée de ses griffes.

Laissant échapper une série de bips furieux le droide entonna de sa voix mécanique son action suivante.
- Unité attaqué. Activation du protocole défense. Lâcha ce dernier avant que le bruit caractérisé des lasers se fassent entendre, suivi immédiatement par le grésillement de la chair touché par les dits-lasers et que Jordra voyait de légères fumerolles s’échappait de l’endroit auquel le ventre du monstre se collait au droide.
Menace éliminé. Mena.nac..éli…mi…n…… Annonça l’engin sous la pluie d’étincelle électrique dont il en était l’origine et qui le recouvrait.

A cette annonce, Jordra qui avait assisté à toute la scène, paralysé dans son anfractuosité, laissa échapper un long soupir de soulagement. S’extirpant de son trou, il s’approcha de la scène du combat de la machine contre la chair. Le salky reposait sur le droide, la langue pendante, sa chair finissant de fumer sous les tirs de laser et les endroits où des câbles électriques étaient rentrés en contact avec la peau de la créature.
Le monde tourna subitement sous les pieds de Jordra, qui ne put se retenir de tomber à genoux sur le sol. Une sensation étrange lui parcourut le corps, tandis que dans un geste lent sa tête se penchait en arrière pour voir le ciel zébrait des lueurs d’éclairs qui le parcouraient à travers la frondaison des arbres.

Tremblant sous la pluie, il entendit un étrange mélange de rire et de sanglots avant de comprendre que cela venait de lui. Sans même le voir, ni s’en souvenir, il avait placé les mains sur son visage afin de retenir le sentiment de larmes qui lui monter aux yeux.
D’un effort de volonté, il se força à ravaler ce déluge d’émotion qui l’avait envahi. Et posant une main sur son genou, il se releva avec difficulté. Un faible grognement lui fit relever la tête dans un réflexe de peur, pour voir non loin de là le premier chien salky toujours couché sur le flan, la branche fichait dans son flanc. S’approchant d’un pas fatigué de l’animal, Jordra remarqua une tâche sombre qui entourait l’animal. Plusieurs minutes lui furent nécessaire pour comprendre que cela été le sang de la bête qui le scrutait en silence. Plongeant son regard dans celui de l’animal, l’homme n’y vit plus aucunes traces de fureur, ni de colère. Simplement le regard suppliant et fatigué d’une bête souffrant le martyre et demandant de l’aide. S’agenouillant près de la bête, Jordra approcha doucement la main vers l’encolure puissante de l’animal qu’il se mit à flatter doucement. Le chien le regarda quelques secondes avant de fermer doucement les yeux et de les rouvrir. Le soldat fit remonter doucement sa main pour la mettre avec prudence sous le nez de la créature, guettant le moindre mouvement de claquement de mâchoire du molosse herculéen. Mais le salky ne se contenta que de faiblement lui lécher la main dans un faible gémissement d’aide.

Jordra plongea de nouveau son regard dans celui de l’animal pendant de longues minutes…
Cédant à une impulsion, ses deux mains se saisirent fermement et doucement de la branche…Avant de l’enfoncer violemment et plus en avant dans le corps du monstre !


- Crève. Chuchota-t-il. Crêve ! Crève ! Crève ! Se mit à hurler Jordra, tandis qu'il poignardait à l'aide de la branche la blessure de l’animal qui se tordait faiblement tout en gémissant de douleurs sans discontinuer sous la torture que lui infligeait ses mouvements qui lui arraché les entrailles. N’ayant plus que la force de subir ce traitement.


Le craquement lui fit reprendre ses esprits. Contemplant d’un air absent le morceau de bois brisé qu’il tenait entre ses mains. L’homme reporta son regard sur le cadavre de la bête. Il n’aurait pu dire si ce fut ce dernier mouvement qui avait achevé l’animal ou si cela faisait depuis longtemps qu’il s’acharnait sur ce corps sans vie.
Dans cette obscurité totale, l’éclat bref d’une petite lumière rouge attira son attention. L’ayant perdu, il guetta quelques secondes supplémentaires pour retrouver l’emplacement d’où provenez l’éclat. Le quatrième clignotement lui permit de mettre la main dessus. Une faible capsule incrustait dans le collier du chien en été la cause. Un traceur cela ne pouvait être que ça ! A cette pensée, un frisson lui parcouru l’échine. Se retournant subitement, Jordra put apercevoir les mêmes provenir des carcasses du deuxième chien salky et du droide. Mais le frisson qui venait de le prendre n’était rien en comparaison du saisissement et de l’étreinte gelé qui s’emparait à présent de sa colonne vertébrale. Il senti ce froid l’envahir à travers tous ses os. Du bas du dos, jusqu’à la base de son crâne…
Deux éclats lumineux provenaient de lui-même.

L’un se trouvait à l’intérieur de son pantalon au niveau du genou gauche. Il l’apercevait par une déchirure du vêtement qu’il avait dû se faire durant sa course ou ses combats.
Il ne savait pas.
Il ne savait plus…
L’autre provenait de juste sous sa peau…Au niveau de sa hanche. Il pouvait également à travers les lambeaux qu’il restait de la fine veste qu’il portait.


Klayne marchait tranquillement. S’arrêtant souvent pendant de longs moments pour apprécier la symphonie naturelle des gouttes d’eau s’écrasant sur son capuchon et la nature environnante. Régulièrement Nathan s’arrêtait aussi pour jeter un œil à son ordinateur de poignet qu’il avait choisi de surnommer Kowalsky. Ayant cure de regarder l’écran, il se décida à demander directement les informations à voix haute.
- Kowalsky, évaluation de la situation. Déclara-t-il calmement.
- Droit devant. C’est à dix minutes d’ici. Tu y seras dans une demi-heure. Répondit l'I.A.
Reprenant sa marche le Majordome s’enfonça entre les arbres qui lui faisaient face.


La scène le surpris quelque peu. Il s’attendait effectivement à de la résistance venant de cet homme au vue de ce qu’il savait sur lui. Mais tout cela le laissa…Comment aurait-il pu qualifiait ça ? Ah oui ! Pantois. Mais cela le réjouit intérieurement. Il n’avait pas éprouvé ce petit plaisir depuis longtemps. La fille l’avait satisfait, mais en partie seulement. Ah…Ce temps passait en sa compagnie fut tellement délicieux. Mais ce qui l’entourait lui en donner des frissonnements de plaisirs dans tout le corps. A ses pieds, reposant sur un morceau de tissu imbibait d’un liquide sombre, deux éclats rouges s’allumait régulièrement. Dévoilant la couleur si rouge sombre de ce liquide.
Du bout de la langue, Klayne se lécha les lèvres. Le meilleur restait à venir.

Semblant suivre l’ordre silencieux du bruissement des feuilles, s’agitant sous l’effet de la fine brise, la pluie s’arrêta doucement après plusieurs heures de chant. Le bourdonnement se muant en un fin chuchotement, qui se transforma à son tour en la mélodie inimitable des dernières gouttes d’eau qui rejoignaient leurs sœurs dans les nombreuses flaques qui parsemaient le sol. Entendre cela remit un peu de baume au cœur de Jordra qui tentait tant bien que mal de contenir le grelottement qui parcourait son corps. La caresse glacé des derniers filons d’eau qui s’écoulait le long de son torse et dos nus, laissa place à une infime chaleur qui fut vite chassée par le retour de la bise.

S’appliquant à mettre un pied devant l’autre, le soldat de la République faisait ce qu’il pouvait pour ignorer au mieux la douleur qui naissait sous la paume de sa main, qui appuyait sur le pansement rudimentaire de sa hanche.

La découverte des émetteurs, lui semblait maintenant tout à fait normale, à ses yeux. Vu l’homme qu’était ce Majordome, une telle chose coulait de source. Mais maintenant, il pouvait s’enfuir. Quitter la zone sans se faire découvrir par les droïdes, ni par les capteurs de Klayne.
Une demi-heure plus tôt, il était parvenu au sommet d’un escarpement au milieu de la forêt. Lui permettant ainsi de voir les lueurs de la ville non-loin de là. Suivant son estimation et son état, il avait jugé qu’il lui faudrait environ trois quarts d’heures pour l’atteindre.
Là, il lui faudrait agir prudemment. Au sein de l’Empire, un homme dans son état sera plus vite remit aux mains des autorités que secouru…


Le fusil sur l’épaule, Nathan fixait les lumières de la ville devant lui. Son visage affichant un sourire triste. C’était certain, il allait devoir mettre un terme à tout ceci une bonne fois pour toutes. Tous les protagonistes de ce jeu avait atteint leurs limites, lui y compris. Après cela, il serait bon pour faire disparaître toutes traces de ce…hobby. Même si sa mise en place, lui avait dévoré toutes ses dernières économies.
- Kowalsky, ramène CH-02 ici pour qu’il me prenne et programme lui un itinéraire discret pour atteindre la ville, ensuite tu le ramèneras en forêt pour qu’il s’autodétruise en même temps que le reste du "matériel". Ordonna le Majordome.
- C’est Terhn qui va être content d’apprendre qu’un taré a fait sauter un pâté de maison. De toute façon. Si ça arrive chez les pauvres...C’est moins grave. Ça ne vote pas et ça paye pas d’impôt.


Jordra se demandait encore combien de temps il allait avoir à attendre, cacher ainsi, dans cette ruelle obscure. Ce fut avec soulagement qu’il comprit qu’une silhouette s’avançait vers la porte qu’il guettait. Se relevant en étouffant un grognement, il se dirigea d’un pas rapide vers l’inconnu et lorsque ce dernier activa l’ouverture de la porte le blessé, surgissant dans son dos, lui abattit une barre de métal sur l’arrière de la tête avec toute la force qu’il avait.
S’effondrant comme une masse, le soldat pris rapidement les jambes de sa victime et les fit rentrer dans la maison pour permettre à la porte de se refermer.
- Razoul ? Est-ce toi ? Demanda une voix chevrotante venant d’une embrasure non loin.
Alors qu’il percevait la voix et les bruits de pas se rapprochaient doucement, l’esprit de Jordra s’engourdit. Il était foutu ! Puis son sang ne fit qu’un tour. Se relevant avec énergie, ignorant la douleur enflammée de sa hanche ; y puisant même une forme d’énergie à travers la douleur. Il pivota sur lui-même tout en se relevant, la barre de métal à la main et poussant un râle roque et puissant, administra un magnifique revers de son arme improvisée dans le visage de l’individu qui pénétrait dans l’entrée. Il n’eut que le temps de reconnaître le visage une vieille femme, la bouche ouverte sur une exclamation muette de surprise, avant que son coup ne la force à heurter le mur, pour glisser ensuite assise sur le parquet.

Le blessé contempla perdu un instant sa dernière victime. Il était persuadé que cette maison été vide. Le bruit métallique de la barre heurtant le sol l’arracha à ses pensées, avant que la douleur de sa blessure ne lui rappelle dans quel situation et où il se trouvait. Entreprenant alors rapidement de chercher de quoi se soigner. Remontant le couloir aussi vite qu’il le pouvait, il jeta un œil dans la pièce d’où provenait la vieille femme. N’y voyant qu’un simple salon, il continua vers la pièce suivante pour y découvrir la cuisine, la suivante étant la chambre. La dernière embrasure serait donc la bonne.

A quatre claudications de celle-ci, le chuintement de la porte derrière lui le fit se stopper net.
Se retournant, il vit une silhouette dominant le corps de celui qui devait se nommer Razoul.
L’individu était complètement revêtu d’une combinaison moulante noire. Une cagoule du même matériau et de la même couleur masquait son visage et ses yeux se trouvaient cachés derrière des lunettes électroniques.
Avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, Jordra vit l’inconnu lever un long fusil vers lui.
Un sifflement plus tard, il sentit un minuscule dard s’enfoncer dans la chair son torse, avant qu’un engourdissement se répande tout son corps. Le temps que le poison n’envahisse toute son anatomie, sa présence d’esprit ne put que le faire s’adosser au mur du couloir pour finir assit ; ses jambes devenues incapables de supporter son poids.
- Mes plus sincères et magnifiques félicitations Jordra. Annonça la voix si bien connue du chasseur. Vous êtes le premier à m’avoir mené à prendre de telles…"extrémités".
Se baissant pour palper le cou du premier corps, la silhouette noire releva la tête vers le blessé immobilisé.
- Mort.
Tout en restant accroupi, il fit un pas agile vers le corps de la vieille femme et lui palpa aussi le cou.
- Vivante. Dit-il sur un ton enjoué en se relevant.
Vous savez Jordra…Vous devriez y mettre plus de puissance dans vos coups quand vous souhaitez vous débarrassez de quelqu’un...Comme ceci ! S’exclama-t-il avant de donner un grand coup de crosse de son fusil dans la tête de la vieille dont la nuque dans un craquement morbide se mit à faire un angle étrange avec le reste du corps ; qui s’affala sur le plancher dans un bruit sourd, contre toute attente.
Il est important de bien finir son travail. Je vous l'ai répété, je ne sais combien de fois Jordra.

Se relevant, l’homme remonta le couloir, décrochant plusieurs globes noirs à sa ceinture, les activant d’une brève pression du pouce avant de les faire rouler légèrement dans chaque pièce tout en s’approchant de sa proie.
- Co…mmen… ? Eu la force de prononcer Jordra en regardant son tortionnaire dont le visage masqué ne se trouvait maintenant qu’à quelques centimètres du sien.
Glissant sa bouche délicatement vers l’oreille de sa victime, tout en lui posant un dernier détonateur thermique sur le ventre. L’homme chuchota d’un ton réjoui.
- Où ai-je dis que n’avais mis que deux traceurs sur vous, très cher ?